« L’affaire Rafale : des mensonges dans les airs ? Le rôle du Premier ministre Narendra MODI dans le plus grand scandale de défense en Inde » est paru en 2022.
Voici la troisième
et dernière partie des trois séances d'entretiens où Anubandh KATÉ poursuit
sa conversation avec l'auteur et éditeur Paranjoy GUHA-THAKURTA, Yann
PHILIPPIN de Mediapart (France) et la journaliste d'investigation
indépendante française, Ariane LAVRILLEUX. Ariane nous présente les
"Egypt Papers" (vente d'armements français dont le Rafale à
l'Egypte).
Dans cette session,
nous analysons les détails spécifiques à la France de ce grand contrat.
Lors de
l'entretien, Yann PHILIPPIN expliquait qu'avant que la France ne signe la
convention de l'OCDE contre la corruption en 1999, il était possible de
bénéficier d'une déduction fiscale pour les pots-de-vin versés ! Et après la
signature par la France de cette convention, Serge DASSAUT, alors PDG de
Dassault Aviation, s’est plaint : « Mais comment voulez-vous que je vends les
avions sans payer de pots-de-vin ?
Ariane LAVRIEAUX
nous apprend que le gouvernement français a vendu des Rafales à l'Egypte en
deux fois (2015 - 24 Rafales & 2021 - 30 Rafales). De plus, la France a
également accordé d’énormes crédits bancaires à l’Égypte pour acheter ces
propres avions ! Dont (crédits) l'État français a pris respectivement 60% et
85% de garantie. Impliquant ainsi que si l'Egypte fait faillite demain, c'est
le contribuable français qui devra en supporter les conséquences !
Dans cet épisode, nous
rendons hommage à tous les officiers honnêtes et courageux du ministère indien
de la Défense, du ministère indien du Droit et de la Justice, d'HAL, de
l'Indian Air Force et du CAG qui ont résisté à la corruption et aux
irrégularités dans cette affaire, malgré de sévères représailles
professionnelles/personnelles.
Regardez également
l'interview pour voir comment Paranjoy et Yann défendent certaines de mes
questions pointues !
Et ne manquez pas le magnifique poème de Bob DYLAN que Paranjoy récite à la fin !
https://www.youtube.com/watch?v=LyvCRQbRshk
Note :
1) Ces entretiens
ont été enregistrés en juillet 2024.
2) L'entrevue est
sous-titrée simultanément en français et en anglais.
#TheGreatRafaleMystery
#RafalePapers #ChowkidarChorHai #MaiBhiChowkidar
#ChowkidarYaGaddar #SabYaadRakhaJayega
Anubandh : Bonjour! Je m'appelle Anubandh KATÉ et comme vous le savez, depuis les deux dernières séances, je discute avec les auteurs du livre « L’affaire Rafale : Des mensonges dans les airs ? », avec Ravi NAIR et Paranjoy GUHA-THAKURTA. Je suis également rejoint par Yann PHILIPPIN qui est journaliste d'investigation pour Mediapart. Il a également suivi cette affaire. Nous n'avons pas aujourd'hui Ravi NAIR (avec nous) parce qu'il avait des réunions de dernière minute. En revanche, plus tard dans la réunion nous serons rejoint par Ariane LAVRIEUX qui est une autre journaliste d'investigation française. Elle apportera des détails sur le dossier des « Egypt Papers » sur lequel elle travaillait (elle travaille encore). Les détails de ce dossier sont en quelque sorte liés à cette affaire.
Alors, je commence notre séance. Comme nous le savons, au cours des deux dernières séances nous nous sommes concentrés sur les détails spécifiques de cette affaire en Inde et la séance d'aujourd'hui est principalement axée sur les détails français et ce sera la dernière séance aujourd'hui de cette série d'entretiens. Donc aujourd'hui, la plupart de mes questions s’adresseront à Yann. Mais c'est bien d'avoir également Paranjoy ici. Avant de commencer à vous poser des questions sur les détails français, lors de la dernière réunion, et je m’adresse à Paranjoy cette fois. Yann avait dit qu’il pourrait peut-être comprendre la position de DASSAULT, pourquoi il était réticent à garantir les avions fabriqués par HAL (en Inde). Et dans notre réponse, nous avions dit que la RFP (« Request For Proposal ») disait clairement que le vendeur n'avait pas le choix mais d’accepter HAL comme intégrateur principal ou fabricant principal. Êtes-vous d’accord ?
Paranjoy : Mais en d'autres termes, si je peux vous interrompre brièvement, la RFP ou la demande de proposition l'indiquaient clairement. Vous pouvez être d’accord ou vous pouvez être en désaccord, qu'il faudrait donner la garantie, en l'occurrence par DASSAULT Aviation.
Anubandh : Donc, par garantie, vous entendez l'ensemble des 126 avions qui comprenait 18 « flyaway » (fabriqués en France) ainsi que 108 qui devaient être fabriqués par HAL. Ok. Donc, c'était pour tout le monde (toutes les entreprises). Et d'une certaine manière, si DASSAULT n'était pas d’accord ultérieurement, alors, il était en train de tergiverser ou de tordre le bras ou de faire marche arrière. En tout cas, c'était l'accusation contre lui. Ok. Je pense que c'est clair.
Je voudrais également donner rapidement une vue d'ensemble. Voilà un aperçu de la manière dont la France, en quelque sorte, gagne de l'argent grâce à ses exportations.
Vous pouvez voir ici, la balance des importations et des exportations. Désolé, c'est en français mais c'est facile à comprendre. Ces statistiques datent de la période entre octobre 2022 à septembre 2023. Ils montrent les principales sources de revenus pour la France. Comme vous pouvez le voir, la première est le secteur de la Défense. Sur cette période, la France a gagné 29,6 milliards d'euros. La prochaine concerne les parfums et les cosmétiques (18 milliards d’euros), et ensuite concerne les produits agricoles (7,4 milliards d’Euros). Ainsi, vous pouvez voir l’essentiel. Les accords de défense constituent la principale source de revenus de la France. Puis, comme nous le savons, la France est désormais la deuxième exportatrice d'armes après les Êtats-Unis dans le monde.
Sur la même lignée, j'ai cette diapositive où nous pouvons voir la part du gouvernement français dans différentes entreprises. Ce qui nous intéresse, ce sont Thales, Safran et Airbus. Et ici vous pouvez voir la part énorme, la plus grosse part de l'État français à 22% est dans Airbus. Ensuite vient Safran, puis Thales. Donc 13% pour Safran et 15% pour Thales.
Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a également DASSAULT Aviation et MBDA qui détiennent des actions d'Airbus. C'est donc un investissement indirect dans ces sociétés par le gouvernement français (via Airbus). Donc, c'est ce que je voulais vous montrer au début.
Maintenant, ma question est à Yann. Parce qu'en Inde, quand on parle des scandales de la Défense ce qui nous vient à l’esprit, c’est « l’affaire de Bofors ». Alors que dans l'esprit des Français, quand il s’agit des corruptions autour des accords de défense, ce qui vient à l’esprit c’est « l’affaire Karachi ». Apparemment, dans cette affaire, à la fin des années 1980 la France a vendu des sous-marins au Pakistan. Il me semble qu'il y avait de la corruption. Alors Yann, pourriez-vous nous parler brièvement de ce contrat ?
Yann : Je ne suis pas un grand expert en la matière. Mais en gros, il y a eu des soupçons de corruption et aussi ce qu'on appelle des rétro-commissions. C'est-à-dire une partie des pots-de-vin, essentiellement une partie de l'argent, est retournée en France, qui aurait financée une campagne présidentielle.
Anubandh : C'est vrai et il y avait des ressortissants Français qui ont également été tués à Karachi, apparemment, à la demande de l'armée pakistanaise.
Ok. Passons ensuite au groupe DASSAULT. Je suis tombé sur un article intéressant qui a été rédigé par votre (de Yann) collègue, Martine ORANGE. C'est dans Mediapart. Cela parle des cent ans de DASSAULT en France et pourquoi c'est important (de le comprendre). Avant d'inviter à nouveau Yann à y ajouter (des précisions), je voudrais souligner quelques points clés de cet article. Il dit que DASSAULT a été la principale entreprise privée qui a été dans la Défense en France. Ce qui est intéressant, c’est que le PDG de cette entreprise, Marcel BLOCH, qui changea plus tard de nom et devint DASSAULT, était le fondateur de cette entreprise, DASSAULT Aviation. Cette société a été nationalisée en 1937 et plus tard encore en 1981. Ce qui est fascinante c’est qu’apparemment il était seul PDG à être heureux de cette nationalisation! Et qu’il ne s'y est pas opposé. C’est parce qu'il a reçu une belle compensation. On lui avait promis des fonds publics et le soutien total des appareils d’État. Ce qu'il faut également prendre en compte, c'est que Marcel Bloch – DASSAULT était juif et qu’il a également été expulsé (au camp de concentration) vers l'Allemagne pendant 9 mois, durant la Seconde Guerre mondiale. Quand il est revenu, alors l'État français a encore investi en lui, dans son entreprise.
Ce qui est fascinant de savoir ici c’est que l’état français, le gouvernement français a restreint Airbus au secteur de l'aviation civile, tout en donnant carte blanche à DASSAULT Aviation pour développer le secteur d’Aéronautique de Défense. Ensuite, l'État a investi massivement dans son entreprise. Le modèle était que toute la R&D de conception à l'assemblage seraient conservés par DASSAULT tandis que le reste serait sous-traités. Et dans ce cas, le client, qui était (principalement) l'armée de l'air française, investirait dans le développement des équipements et de tous les produits. C’est ça que je voulais vous donner en guise d'introduction. Voudriez-vous y ajouter quelque chose ? À propos de la particularité du Groupe DASSAULT en France ?
Yann : Ce Groupe DASSAULT est probablement la plus ancienne entreprise de défense en France. Ainsi, elle fabrique des avions de guerre mais aussi des jets privés. Les jets Falcon qui sont assez célèbres parmi les gens riches du monde entier. Ce qui est intéressant chez DASSAULT c'est qu’Il vit donc essentiellement de l’argent public, de l’argent de l’État. En gros, l'État achète les avions de guerre, le Mirage puis le Rafale et ce qu'il faut également souligner, c'est que c'est l'une des plus influentes entreprises en France. Je veux dire concernant les hommes politiques. Parce que Marcel DASSAULT, donc, le fondateur est célèbre pour financer des partis politiques. Surtout la droite. Il était lui-même un membre de l'Assemblée nationale pour le parti de droite en France et ça a été pareil avec son fils Serge qui est décédé également, qui était sénateur du même parti, le parti de droite. Ils, tous les deux… l’UMP le père..
Paranjoy : l’UMP
Yann : Désolé, s’il vous plaît, laissez-moi finir…
Paranjoy : Ce parti, c'est l'UMP, n'est-ce pas ?
Yann : Il a changé de nom… en gros, c'est un parti Gaulliste mais il a changé de nom… plusieurs fois.. Aujourd'hui, ça s'appelle « Les Républicains ». Mais c'est ça. Il avait plusieurs noms dans le passé. Ça a été l'UDR, le RPR l'UMP. Ça a beaucoup changé. C'est le parti traditionnel de droite, le parti gaulliste. Voilà, je suis perdu…
De toute façon donc il y a eu le financement de ce parti par le père et le fils. Les deux étaient membres des partis, étaient tous les deux députés et ils étaient tous les deux très très influents, au plus haut niveau de l'État, y compris lorsque les présidents français n'étaient pas de leur parti. Par exemple sous François HOLLANDE, qui était de gauche. C'était sous sa présidence, dans le cadre de son mandat, que l'accord de Rafale a été conclu. DASSAULT a également été très influent envers le Président HOLLANDE, alors qu'ils n'étaient pas du même parti. Donc, c'est l'une des plus influentes entreprises en France.
Anubandh : D’accord. Merci. Et apparemment il y avait aussi de la corruption. Des allégations et des accusations contre DASSAULT, qui comprenait des transactions en France mais aussi en Belgique. Est-ce exact ?
Yann : Oui. Marcel… Désolé,
Serge DASSAULT a été condamné pour corruption en Belgique et est également impliqué
dans un très célèbre, autre scandale qui est celui… en plus d'être Sénateur,
Serge DASSAULT était maire d'une ville de la banlieue parisienne, Corbeil-Essonnes
et il est accusé d'avoir soudoyé les électeurs pour que les électeurs l'élisent.
Il ne pouvait pas être jugé parce qu'il est mort peu avant le procès. En
revanche, plusieurs de ses collaborateurs ont été condamnés pour corruption, pour
ça... pour l'avoir aidé... pour avoir corrompu les électeurs afin qu'il soit
élu maire de sa ville de Corbeil-Essonnes.
On peut également souligner que lorsque la France a signé la convention de l'OCDE (1997) qui interdit la corruption, Serge DASSAULT a porté plainte et a déclaré : "Mais comment voulez-vous que je vends mes avions sans payer de pots-de-vin ? » Donc, en gros il y a une sorte de.. ha ha…. vous savez, une sorte de…en gros ha ha… alors c'est peut-être, c'est un peu fort mais, en gros on voit ce que Serge DASSAULT pensait de la corruption parce qu'il se plaignait de ne pas pouvoir en faire. Il n'était plus autorisé à donner des pots-de-vin après que la France ait signé cette convention de l'OCDE contre la corruption d’agents étrangers. Merci.
Anubandh : Je pense que Paranjoy souhaite dire quelque chose. S’il vous plaît.
Paranjoy : Dans notre livre, nous avons cité un article de Christopher… de l'Independent qui dit que quand Serge DASSAULT est décédé à l'âge de 93 ans en 2018, ses propres associés, ses complices ont été emprisonnés, après avoir été reconnus coupables de corruption. L'amende cumulée d'environ un million d'euros leur a été imposée et cela a également été publié dans diverses autres publications dont AFP – Agence…
Yann : Mais dans quel cas ?
Paranjoy : C'est le cas… le contrat de réaménagement des équipements électroniques dans les avions de combat utilisés par la Force Aérienne Belge.
Yann : Oui! J'en ai parlé. Je l'ai mentionné.
Paranjoy : C'est une condamnation pour corruption en Belgique. C'est exact. Merci.
Anubandh : Alors passons à autre chose maintenant. Et ce qui était intéressant pour moi et je pense que c'est peut-être aussi intéressant pour la population française, c’est de savoir à propos du groupe Reliance Flag Atlantic France (RFAF). C'est quelque chose que j’ai découvert dans le livre. Il dit que cette entreprise avait un câble transatlantique de Télécommunications qui reliait la France et les États-Unis. Il y avait une accusation de la part du gouvernement français, de l'évasion fiscale et des pratiques d'évitement (de taxe). C’est ça qui a été reproché à RFAF. Reliance Flag Atlantic France a transféré artificiellement les bénéfices (activités de télécommunications) de sa filiale française à la société mère (Reliance Globalcom Limited) et qui est enregistrée aux Bermudes, le territoire britannique d'outre-mer qui figurait jusqu'à récemment sur la liste noire de l'Union Européenne (UE) comme étant paradis fiscale non coopératif. Donc, dans ce cas, le fisc français a infligé une amende de 151 millions d'Euros en impôts et des pénalités pour la période entre 2008 à 2012. Et finalement, Anil AMBANI a réussi à la réduire à 6,2 millions (Euros), grâce à sa nomination par Monsieur MODI dans le contrat de Rafale. Il y avait donc une sorte de commerce. Je veux dire un accord qui a été conclu ici, pour qu'Anil AMBANI puisse payer moins d'impôts. Pourriez-vous s'il vous plaît, nous dire s'il y a d’autres choses à dire à propos de cette affaire… de cette entreprise ?
Yann : Oui, c'est une très longue histoire. Donc, cette entreprise exploitait un transatlantique câble télécom et elle est enregistrée en France. Essentiellement, il y a eu une inspection standard de cette société par le fisc français et c'est ainsi qu'ils ont découvert que l'entreprise n'a fait aucun profit. La raison en est que cette entreprise a payé des frais très élevés à diverses autres entités du groupe Anil AMBANI. Donc, ce que nous appelons les frais intra-groupe. Reliance France payait des frais pour d’autres entités Reliance ! Ainsi parce que ces entités étaient enregistrées dans des paradis fiscaux, comme les Bermudes. Cela a un statut particulier. C'est très difficile de faire ça. Il faut le justifier, parce que le fisc français ne veut pas que l'argent aille dans les paradis fiscaux. Donc l'administration fiscale, ils ont demandé à Reliance de justifier ces accusations. Pourquoi payez-vous autant d'argent comme des charges aux sociétés offshore basées aux Bermudes ?
Au début Reliance a refusé de répondre, a refusé de fournir des documents. Ils n'ont rien donné. Alors, le fisc, parce que tout cet argent allait dans les paradis fiscaux ils ont considéré que toutes les charges étaient fictives, à titre d'hypothèse. En gros, ils ont rejeté toutes les charges et donc cela signifiait que l'impôt sur les sociétés devait être calculé non sur les bénéfices mais sur le chiffre d'affaires. Parce que si vous éliminez toutes les charges, le chiffre d'affaires et les bénéfices sont les mêmes ! Vous voyez ce que je veux dire ? C'est pourquoi ils ont notifié cette énorme pénalité fiscale de 151 millions (d'euros).
Puis, à un moment donné, Reliance s'est rendu compte que ne pas coopérer n’était pas une bonne stratégie. Alors, ils ont commencé à donner des documents pour tenter de justifier que ces charges sont réelles. En gros, qu'il y ait de vraies dépenses, services réels fournis par le groupe Reliance à son client, la filiale française. Et après avoir commencé à donner ces documents, ils ont dit, OK. Nous vous avons remis les documents et donc nous pensons que nous vous devons 6 millions et non 150 millions. Mais le fisc français, lui, n'était pas satisfait. En gros, ils savaient que certaines charges étaient réelles. Donc 150 (millions), ce n'était qu'un point de départ de la négociation. Ils étaient parfaitement conscients que ce n’était pas la réalité économique. Mais ils pensaient que 6 millions n’étaient pas suffisants.
Nous en étions à ce stade de la négociation quand quelque chose est arrivé très étrangement, c'est que nous sommes en 2015 et Anil AMBANI devient le nouveau partenaire de DASSAULT pour le Rafale. C’est juste avant la visite de Narendra MODI à Paris en 2015, Quand il a annoncé le nouveau deal. Le fait que l'offre initiale soit retirée et remplacée par l'achat de 36 avions fabriqués en France. Donc Anil AMBANI est membre de cette délégation indienne qui va à Paris pour cette annonce très importante. Il est donc avec M. MODI. Et puisqu’il est à Paris avec Monsieur MODI, il essaie d'utiliser ça pour obtenir un meilleur accord fiscal. Donc il parle à propos de ses problèmes fiscaux aux ministres. C'est le ministre français qu'il rencontre à Paris avec Monsieur MODI. Fondamentalement, il essaie d’avoir un accord avantageux et ce que nous avons révélé dans Mediapart. C’est un aspect qui est vraiment important. Alors, pendant cette visite à Paris, le 14 avril 2015, Monsieur AMBANI s'écrit une lettre. Désolé… il écrit une lettre au Ministre français des finances, Monsieur SAPIN et également au Ministre français de l'Economie, qui est Emmanuel MACRON, donc qui est aujourd'hui le président de la France. C'est pourquoi il écrit personnellement à ces deux ministres, l'un d'eux est notre président aujourd'hui… afin de leur demander, en gros qu'ils interviennent envers le fisc pour qu'il obtienne une meilleure offre. Et en gros, ça a marché. Et à la fin, après que Monsieur AMBANI ait écrit cette lettre à Monsieur SAPIN et à Monsieur MACRON, il a eu ce qu'il voulait. En gros, exactement les six millions (d’Euros). Ce qu’il était essentiellement prêt à payer au début de la négociation. C'est donc un cas complexe. Donc, nous en sommes sûrs. Nous avons publié la preuve qu'il y a eu une intervention. Nous savons aussi qu’après la lettre de Monsieur AMBANI, le Ministre SAPIN, a demandé des explications au fisc. Donc il y a eu une intervention du niveau politique au niveau administratif. Ce qui n'est pas encore clair et que l’enquête française est en train d’investiguer c’est que cette intervention politique, a-t-elle été efficace ? Donc, fondamentalement, qu'est-ce qu'aurait Monsieur AMBANI, aurait-il payé sans cette intervention (politique) ? Sans cette intervention politique… ce n’est pas tout à fait clair à ce jour. Mais nous avons fait une analyse approfondie de cet accord final qu'il a obtenu. Certains experts nous ont dit qu’il n'aurait pas dû payer 150 (millions). En gros, le chiffre du début n'était pas économiquement pertinent… mais certains experts à qui nous avons parlé, nous ont dit que six millions (euros), c'était une affaire douce et qu'il est probable qu’il aurait dû payer plus. Voilà donc l'histoire.
Paranjoy : Quand je parcours votre article, qui est d’ailleurs un article très détaillé, ce dernier point que vous avez soulevé est vraiment la clé. Légalement, pouvez-vous établir ce que vous appelez une « contrepartie » ? Que la réduction des impôts à l’entreprise Reliance Flag était dû à cette intervention politique ? Et toute cette association avec l’annulation… si vous pouvez connecter les deux… ? Vous savez, cette intervention politique et relier les deux la contrepartie. Je pense que cela ne va pas être facile. Ceci est mon point de vue mais j'aimerais connaître votre point de vue.
Yann : Oui. Ce n'est pas facile parce qu'au fond, je ne suis pas un magicien, donc je ne sais pas quoi. Je ne sais pas tout de ce qui s'est passé pendant cette affaire. Ça va être le travail de la police française et les juges français qui instruisent l'affaire en gros. Ce dont nous sommes sûrs, c'est qu’il y a eu cette intervention politique dans cette affaire fiscale. Ce qui est généralement non autorisé en France. C'est normalement interdit aux hommes politiques d'intervenir dans une affaire fiscale. Donc, c'est ce qui est arrivé. Alors, c’est grâce à cette intervention que M. AMBANI a obtenu un accord fiscal avantageux. Mais on ne peut pas être sûr aujourd'hui qu'il y ait eu une conséquence directe… que c’est la conséquence directe… l'accord complésant qu'il a obtenu est grâce à l’intervention politique… en gros, ce sera le travail des enquêteurs de la police qui enquêtent sur l'affaire, pour régler ça.
Anubandh : D’accord. Yann, dans votre réponse vous avez mentionné l'ancien ministre de l'économie de la France, Emmanuel MACRON, qui est l'actuel Président. D'une certaine manière, il était également impliqué. Mais il y a aussi un autre président, ancien président qui est François HOLLANDE. Apparemment, le 21 septembre 2018 il aurait accordé une interview à Mediapart. Et je ne sais pas si c'était avec vous. Dans cette interview, il a affirmé que le gouvernement indien aurait imposé la société recommandée par Anil AMBANI en tant que partenaire offset de DASSAULT Aviation. Et qu’en quelque sorte, DASSAULT ou le gouvernement français n’avait pas d'autre choix que d'accepter cette sélection, imposée par le gouvernement indien. Est-ce que vous le confirmez ?
Yann : Oui. C'est exactement ce qu’il nous a dit et cela a provoqué une tempête totale. Parce que le gouvernement indien l’a nié, puis DASSAULT l‘a nié. En gros, tout le monde l’a nié ! Alors, ce que je pense personnellement est-ce qu'au fond, il avait le courage ou peut-être le courage n’est pas le bon mot, peut-être qu'il ne savait pas que c'était si sensible… ce qu'il a dit et qu'au fond il a dit la vérité… ha ha ha dans un instant un peu de naïveté, vous savez. Je ne pense pas qu'il ait imaginé la conséquence, quand il a dit ça à Mediapart, qu’il aurait et le fait qu’il allait gêner beaucoup de monde… à la fois Reliance et le gouvernement indien.
Anubandh : C’est vrai. Et François HOLLANDE est connu pour faire de telles déclarations. Récemment, il a également donné une déclaration sur le fait que la France et l'Allemagne n’étaient pas sincères afin de respecter les accords de Minsk (Traité de Minsk) avec la Russie. Eh bien. Mais puisqu'on parle de François HOLLANDE intervient aussi Julie GAYET, sa partenaire et le financement de son film par Anil AMBANI. Alors, pourriez-vous nous en dire plus sur cette affaire et aussi le lien s’il existe...
Par rapport à ce que dit François HOLLANDE. Essayait-il de détourner l'attention d'une manière ou d'une autre ? ou y a-t-il eu un lien ou pas ?
Paranjoy : Parce qu'il prétend que l'investissement dans ce film était très négligeable…
Yann : Ce n’était pas rien. C'était 1,6 million d'euros ! Ce n’est donc pas si petit. Ce qui est troublant, c'est aussi le timing car Reliance a annoncé ce financement en janvier 2016, donc peu de temps après l'annonce du nouvel accord. Et le fait qu'Anil AMBANI devienne un nouveau partenaire de DASSAULT et alors bien sûr on peut se demander si Monsieur AMBANI a fait ça pour remercier Monsieur HOLLANDE de faciliter ou non le nouvel accord. Donc, ce qu'on peut dire c'est que François HOLLANDE affirme qu’il ne le savait pas auparavant. Et qu’il l’a appris par la suite, qu'il n'était pas au courant de ce financement avant que cela n'arrive. Alors, encore une fois ce sera aux enquêteurs, à la Police Française Anti-Corruption de régler ça et pour essayer de savoir si Monsieur AMBANI a fait cela pour plaire à Monsieur HOLLANDE ou pas ou si c'est juste une coïncidence.
Paranjoy : Et le timing parce que le MoU a été signé juste après… la signature du MoU, les 1,6 millions d'euros ont été promis pour ce film. Ainsi, les preuves circonstancielles à quel point est-ce important, devront être déterminées par les juges et les procureurs en France.
Anubandh : D’accord. Puisque nous parlons de l'enquête en France. Et bien que Yann, la dernière fois vous nous en ayez informés, J'aimerais encore une fois que vous nous donniez le grand contexte. Parce que je vois qu'il existe des agences comme Agence France Anti-Corruption – AFA. Il y a aussi SHERPA qui a déposé la première requête, qui a été rejetée et (puis) il y a eu une deuxième pétition. Vous avez également parlé des deux types d'enquêtes, celle qui pourrait être influencée par l’exécutif et une autre qui était indépendante. Pourriez-vous s'il vous plaît nous donner brièvement le contexte afin que nous comprenions ce qui se passe réellement?
Yann : Ok. Donc, c'est une longue histoire. En gros, cela a commencé en 2018 lorsque SHERPA…SHERPA est une ONG, une ONG française qui lutte contre la corruption et les délits d'entreprise, qui se bat contre les gros méfaits des entreprises....et donc en 2018, peu de temps après…. Paranjoy m'a dit que c'était la même année, non ? Qu'il y a eu une plainte en Inde, déposée en Inde en raison du… quand le scandale a éclaté, … Ainsi, elle (SHERPA) a déposé la première plainte auprès du procureur national financier qui est en charge du plus grand délits d'entreprise et corruptions. Alors, en 2018 et ce que nous avons révélé, c'est que le procureur national financier français de l'époque a abandonné l'affaire. Elle a clos l'affaire sans enquêter. Donc la seule enquête qu'ils ont faite est la discussion du dossier avec l'avocat de DASSAULT ! Ce qui est assez étrange. C'est le seul acte d'enquête qu'ils aient fait à l'époque.
Paranjoy : C'était le 20 avril 2021, lorsque les avocats de SHERPA Monsieur Bordeaux et Brenda Non non…
Yann : Ça c'est la deuxième pétition !
Paranjoy : C'est la deuxième plainte… vous dites…
Yann : C'est la deuxième pétition… non la première était en 2018.... et à ce moment, le procureur a classé l'affaire sans enquêter, contre la volonté de son adjoint. Parce le procureur était une dame (Éliane HOULETTE) à cette époque..... et son adjoint voulait enquêter sur l’affaire. Elle a dit, non. Elle a dit, nous n’enquêterons pas. Et ce qui est fou c'est que quelques jours plus tard, lors d'un entretien au médias français, elle a dit qu’elle a classé cette affaire pour préserver l'intérêt de la France ! Ce qui est vraiment fou… ! Donc vous avez le plus haut procureur financier (de la France) qui est censé lutter contre la corruption, être en principe en première ligne dans la lutte contre la corruption, qui avoue qu'elle a enterré une affaire ! En gros, pour préserver l'intérêt national de la France !
Puis en 2021 Médiapart a publié une série de révélations sur cette affaire que nous avons appelé les « Rafale Papers », avec beaucoup de nouveaux éléments et en suivant nos révélations, SHERPA a déposé une deuxième plainte basée sur nos révélations. À ce stade, cela a fonctionné et une enquête a été ouverte fin 2021. Cette fois ce n'était pas remis à un procureur, qui n'est formellement pas indépendant du pouvoir politique mais il a été remis aux juges d'instruction dont ils sont formellement indépendants. Alors, l’enquête n'a réellement commencé qu’en fin 2021. En parallèle il y a eu cette autre agence qui est l'AFA, donc Agence Française Anticorruption. AFA, qui est différent..
En fait, l'AFA - l'Agence Française Anticorruption n'enquête pas sur des cas spécifiques. Le travail de cette agence est de vérifier si les grandes entreprises françaises respectent leurs obligations de conformité en matière de corruption. En gros, ils ne regardent pas les cas (de corruption), ils regardent les entreprises…Est-ce que tout est en place au sein de l’entreprise pour prévenir la corruption, les gens ont-ils une formation suffisante, y a-t- il suffisamment d'audit interne, suffisamment de contrôles, comment gérez-vous les intermédiaires. Vous savez, ceux qui vous aident à conclure des affaires. Alors ils enquêtent sur le système. Ce qu'ils ont découvert lorsqu'ils ont fait un contrôle de DASSAULT, c’est que la conformité était très mauvaise. La conformité de DASSAULT en matière de lutte contre la corruption était très très mauvaise. Lors d'une enquête, ils ont également trouvé quelques éléments précis concernant le contrat Rafale et surtout la relation étrange entre DASSAULT et l'intermédiaire Sushen GUPTA dont nous avons parlé lors des dernières séances. Ce qui est très étrange c'est qu'en principe, aucune sanction n'a été prise contre DASSAULT pour cela. Donc ce que l'agence a dit c'est « s'il vous plaît, devenez conforme » ! Mais il n'y a eu aucune sanction, pas d'amende, pour ça ! pour cette grosse non-conformité qu'ils ont découvert. Ce qui est le plus surprenant de ces éléments spécifiques… c’est la façon étrange dont DASSAULT s'en est occupé de l'intermédiaire indien Sushen GUPTA. L’Agence Française Anticorruption a gardé ça pour elle et ne l'a pas dénoncé cela au procureur. En gros c'est le procureur… désolé ce sont les juges d'instruction (cette fois ci) qui ensuite ont dû demander ces documents à l'AFA.
Anubandh : D’accord. Merci. Lors des dernières séances nous n'avons pas eu assez de temps pour parler de certaines irrégularités. Ce que cette affaire implique et elles sont très importantes. Alors, je voudrais simplement les rassembler brièvement et ensuite je demanderais vos commentaires. Ce que nous savons dans cette affaire… ce qui s'est passé, c'est que le siège de l'arbitrage a également été transféré de Delhi à Genève. Ce qui veut dire qu'il n'y avait plus le pouvoir judiciaire indien ayant son mot à dire, il y a eu une suppression de la clause anti-corruption, il y avait une lettre de réconfort du gouvernement français au lieu d'une garantie bancaire. C’est cette dernière qui est plus solide. Il y a eu dilution des obligations « offset » et voilà… Dans le livre vous citez le témoignage d’un responsable anonyme du ministère de la Défense qui a dit: « que les documents n'étaient pas vraiment rédigés en gardant à l’esprit les intérêts du gouvernement indien ». Alors, cette question s'adresse à la fois à Yann et à Paranjoy. Êtes-vous d’accord avec ce propos?
Yann : Je ne sais pas à ce sujet, je vais donc laisser Paranjoy y répondre.
Paranjoy : Je suis d’accord avec cela. Il y a un haut fonctionnaire qui nous a parlé, Monsieur MOHANTY. Il était le conseiller financier au ministère de la Défense. Il l'a souligné à nous et il a écrit un article. Il a répondu à un email. C'était très inhabituel de déplacer l'endroit… le centre d'arbitrage donc évidemment il y a bien plus à faire qu'il n'y paraît.
Anubandh : D’accord. Merci.
Yann, J'ai maintenant une question difficile à vous poser et pour équilibrer, j’en poserai également une à Paranjoy. Je dois vous poser cette question parce que c'est mentionné dans le livre. Le livre dit qu'il y avait certaines accusations contre Edwy PLENNEL qui est le fondateur de Mediapart. Il dit qu'Edwy PLENNEL avait apparemment travaillé pour la Central Intelligence Agency (CIA) américaine et a été accusé. Et que cela vient d'un article de l'Aviator Buzz. Il y avait un blogueur en 2021, de nom Shubhadip. Mais je suis allé sur internet et apparemment cette accusation a été faite par l'ancien Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de François MITTERAND,qui s'appelle Rolland DUMAS. Et quel était l'argument ? C’est que PLENNEL faisait du lobbying pour les fournisseurs d’équipements de Défense américains et en exerçant des pressions politiques des pressions sur le gouvernement indien, à ne pas acheter d’avions Rafale… et de cette façon, il aurait pu augmenter les chances des entreprises américaines (de gagner ce contrat). Comment répondez-vous à cette allégation ?
Yann : C'est de la connerie totale... C'est faux.
Anubandh : Ok. C'est une réponse brève et directe. Merci.
Yann : Non. Il n'y a jamais eu d'éléments matériels qui soutiennent cela. C'est totalement de la connerie. Il n'y a jamais eu de même le début d'une preuve de cela.
Paranjoy : OK. Qu'il était un agent de la CIA.
Anubandh : D’accord. Paranjoy,
maintenant c'est votre tour. Dans votre livre vous revendiquez avoir essayé de
représenter les deux côtés de cette affaire. Je veux dire que les gens qui sont
pour et ceux qui sont contre. Le titre principal du livre, la page de couverture,
en quelque sorte pointe du doigt le Premier ministre Indien (MODI). Mais autant
que je me souvienne, je ne vois aucune mention de la réponse, soit du cabinet
du Premier ministre ou la réponse du premier ministre lui-même à vos
accusations ou par rapport à ce livre. Avez-vous essayé de le contacter ? A-t-il répondu ?
Et sinon, voudriez-vous inclure sa réponse, dans la prochaine édition du livre ?
Paranjoy : Pourquoi nous ? Tout le monde, y compris l'actuel chef de l'opposition Monsieur Rahul GANDHI, tous ont soulevé les mêmes accusations. Il y eut un silence complet de la part du Premier Ministre, le cabinet du Premier Ministre et les partisans du régime en place c'est le parti Bhartiya Janata Party (BJP) qui est un parti nationaliste hindou. N'oubliez pas que ces accusations ont été faites dans le domaine public. Nous avons inclus l'interview d'un partisan de l'accord, c'était Raghunath NAMBIAR, le maréchal de l'air Raghunath NAMBIAR. Il a donné sa version. On est restés sur notre version de l'histoire et même si l'interview a duré très longtemps, quand il a vu la transcription, il en a enlevé de très grandes parties. Nous avons publié ce qu'il nous avait donné comme feu vert pour le publier et ça c’est par rapport à… et nous lui avons donné le titre que les gens nous demandaient pourquoi l'Indian Air Force s'impliquait dans la politique. Il a dit beaucoup de choses qu'il avait découpées lui-même. Il ne voulait pas qu'on l'attribue.
En ce qui concerne les accusations contre le Premier ministre et le cabinet du Premier ministre, comme je l'ai mentionné plus tôt, ce n'est pas seulement nous. Chaque fois que ces accusations ont été soulevées, les partisans du régime en place ont déclaré : la Cour suprême l'a complètement blanchi, le contrôleur et auditeur général de l'Inde (CAG) l’a blanchi. Dans notre livre paru en novembre 2022 qui ensuite a été mis à jour grâce aux nouvelles révélations qui sont sorties de la part de Yann PHILIPPIN. Donc après ça, nous nous en avons publié une version mise à jour. Il a été mis à jour jusqu'à août 2021. Une minute, je vais juste vous dire la date exacte. Oui, c'était… il a été mis à jour jusqu'à septembre 2023. C’est donc moins d’un an de cela. Nous sommes en juillet 2024, la semaine de septembre 2023. Ok, Il n'y a pas eu une seule réponse à notre livre. Personne ne l'a contesté. C'est un livre disponible dans le domaine public. Personne… il est disponible sur Amazon. Tous ces mois sont passés. Si quelque chose qui a été écrit comme incorrect, à présent, quelqu'un aurait dû le dire. Sauf que chaque fois que cette question s'est posée, la même chose : la Cour suprême a blanchi le gouvernement, le CAG a blanchi le gouvernement. Ce sont les réponses standards. Le cabinet du premier ministre n'a pas répondu.
Yann : Désolé, je dois ajouter ça… Vous savez, j'ai écrit de nombreux articles sur ce contrat Rafale et à plusieurs reprises, j’ai posé des questions au cabinet du premier ministre, au ministère de la Défense. Mais aussi aux agences qui enquêtent sur ce contrat en Inde. Afin de leur demander pourquoi ils n'ont pas ouvert une enquête spécifique à ce sujet… Donc, à savoir la CBI et la Direction de l'exécution (ED) et je n'ai jamais eu de réponses, jamais, jamais, jamais…Il y a donc une volonté claire de la part du gouvernement indien de ne pas répondre à ce sujet.
Paranjoy : Yann a déjà reçu un exemplaire de notre livre. Donc, le nœud du sujet c'est tout ça, je veux dire il y a eu des mois et des mois qui se sont passé. C’est vrai. Personne ne répond.
Anubandh : D’accord. Avançons.
Quand on regarde cette affaire et je suis très tenté d'utiliser le cliché français… Pouvons-nous dire que cet accord est le « Waterloo » de l’Inde ? Et il est intéressant de noter que les Français sont les gagnants ici. Mais dans le livre vous avez brièvement parlé de l'impact que cela pourrait avoir sur la position de l'Inde, en tant qu'acheteur d'armes dans le monde. Dans le marché des armements de défense à l'avenir. Comment les autres vendeurs feraient-ils, vous savez, les futurs vendeurs d'armes, comment verraient-ils l'Inde ?
Paranjoy : C'est une question difficile à répondre. Le monde du commerce des armes et de l’industrie militaire est complexe, ils ne s'en soucient pas… ils ne sont pas seulement amoraux mais immoraux. Donc, je ne pense pas que cela compte pour eux. Ce qui compte, je pense, c'est ce qui se passe en France. Qu'arrive-t-il à l'enquête qui aura lieu en France ? Comment cela affectera le commerce entre l’Inde et… et vous savez qu'il y a (déjà) une proposition pour acheter plus d’avions Rafale pour la Marine (indienne) maintenant. Voyons ce qui se passe. Alors, c’est tout ce que je veux dire. Ceux qui sont dans ce métier peuvent et Yann, vous pouvez valider mon argument... ils ont une peau très épaisse. Ils sont effrontés.
Yann : Mais je suis d’accord avec ce que dit Paranjoy. La corruption a été répandue dans ces grands contrats de Défense et pour l'anecdote, avant de conclure. Je veux dire qu’avant que la France et beaucoup d'autres pays aient signé la convention l'OCDE (en 1997) contre la corruption d'agents étrangers. En France vous pouviez même déduire les pots-de-vin de vos impôts. Il y avait une ligne spéciale dans la déclaration fiscale des entreprises où vous pourriez déduire les pots-de-vin de vos impôts… hahaha…Donc la corruption n’était même pas légale, vous pourriez bénéficier d'un allégement fiscal ! C’est quand vous corrompiez des gens à l'étranger, c'était donc il y a plus de 20 ans. Mais c'est pour vous donner le contexte. Donc, il y a eu beaucoup de cas de corruption concernant les ventes d'armes. Oui, en gros, ce n'est pas parce qu'il y a encore un scandale que cela changerait quelque chose entre l'Inde et les pays qui vendent des armes.
Paranjoy : Et si je peux citer juste une ligne de ce que M. N. RAM a écrit dans notre livre dans l’introduction. C'est dans son deuxième paragraphe. Il a déclaré : « Dans le monde entier, le commerce des armes est devenu synonyme de corruption et trafic d'influence sous couvert de sécurité nationale et d'intérêts élevés de l’État. Alors, vous savez, selon Monsieur RAM, il dit, et que plusieurs universitaires et experts ont dit : « qu'au moins 40% de toute la corruption du commerce international légal est lié aux armes, aux ventes d'armes ».
Anubandh : D’accord.
Merci. Donc, je pense que même si c'est très clair qu'il y avait de la
corruption dans cette affaire et des deux côtés… du côté français et du côté
indien, nous devrions également nous rappeler qu'il y avait beaucoup d’officiers
indiens courageux du ministère de la Défense, du ministère du Droit et de la
Justice, de l’HAL et d'autres entités qui ont résisté. Qui ont révélé les
irrégularités de cette affaire. Et à plusieurs reprises ils ont dû payer un
prix pour prendre ces positions. Ils ont été soit envoyés en congés, ou étaient licenciés ou n'ont pas été promus et beaucoup plus. Alors, une
pensée à ces courageux gens !
Je pose cette dernière question à Paranjoy et puis nous inviterons Ariane. Paranjoy, vous avez écrit que le livre est dédié à VASUDEVAN, Monsieur VASUDEVAN. Pourriez-vous en 2-3 lignes nous dire, qui est cette personne et pourquoi vous lui avez consacré ce livre ?
Paranjoy : Le Professeur Hari VASUDEVAN qui est mort, était mon beau-frère. Il est décédé en mai, en mai 2020, lors de la première vague du Covid. Il est décédé le 10 mai 2020. Il était le professeur qui a enseigné l'histoire à l'université de Calcutta. Un érudit extraordinaire de l'histoire de l'Europe et de la Russie. Il avait lu des brouillons du manuscrit du livre et a fait plusieurs commentaires et multiples observations. Il m'avait promis qu'il écrirait un rapport très détaillé, comme une introduction au livre. Mais cela n'a pu jamais été le cas… parce qu'il est décédé lors de la première vague de Covid et il était marié à ma sœur qui est devenue veuve. C’est la raison pour laquelle nous lui ont dédié ce livre.
Anubandh : Merci beaucoup! Et maintenant je souhaite la bienvenue à Ariane LAVRIEUX ! Je suis ravi de vous avoir ici. Alors, juste pour vous dire, avec moi ici, il y a Paranjoy GUHA THAKURTA qui est le co-auteur de ce livre avec Ravi NAIR. Ce dernier qui n'a pas pu être présent aujourd’hui…
Paranjoy : Et l'éditeur et je suis également l'éditeur.
Anubandh : C’est vrai. Il y a Yann PHILIPPIN que vous connaissez. Et pour présenter Ariane… Ariane est une journaliste d'investigation. Elle est basée à Marseille. Ariane est spécialisée dans les contrats de Défense, des violations des droits de l'homme et l'impact de l'économie sur l'environnement. Elle travaille pour différentes radios comme RFI, RTS - Radio Suisse France. Elle travaille également pour des magazines et des médias d’enquête tels que Mediapart, Disclose, Le Monde Diplomatique, Alter Eco, Revue Dessinée. Elle a suivi de très près les affaires égyptiennes, la vente de Rafale et d'autres armements français au dictateur l'Égyptien Maréchal (Abdel Fattah) al-SISSI. Alors bienvenue Ariane. Merci de nous avoir rejoint.
Ariane : Bonjour. Merci.
Anubandh : Alors, avant
de commencer à vous poser des questions je voudrais ouvrir ce débat et donner
un sens plus large. Puisque vous êtes là et que vous allez nous présenter
l'angle égyptien à cette affaire…
Mais en tout cas, la vente française des armements a été, je veux dire, il y a eu beaucoup de critiques à son encontre. Si on fait un petit rappel historique, la France a donc été accusée de vendre des armements en Afrique du Sud pendant la période de l'apartheid, dans les années 1970 et 1980, puis durant la guerre en Irak et en Iran de 1980, puis en Arabie Saoudite et Émirats arabes unis en 2010 et des crimes de guerre ont été commis par ces pays au Yémen. J'ai déjà parlé de l'Égypte. En 2010 l'Égypte a bombardé des civils égyptiens et libyens en utilisant des Rafales, des missiles fabriqués par MBDA et d'autres armements français. Le Maroc a également reçu des armes françaises et les a utilisés dans la région du Sahara occidental contre les rébellions. Et très choquant et surprenant, au moins pour moi, c'était le cas que la France vend des armes non seulement à l’Ukraine, mais aussi à la Russie. Des sociétés comme Thales, Safran, Lynred, ST Microélectronique, etc. y sont impliquées. Il y a un article d'enquête de BLAST, journal d'investigation qui dit que la France a livré des armements à la Russie, contre les sanctions mises en place par l'Union Européenne (UE) ainsi que les Nations Unies. Elle a livré des armes à la Russie jusqu’en au moins d’avril 2023. Ainsi, Thales et Safron ont livré des armes également à Israël.
Ariane : Ce ne sont pas des armes en soi, mais ce sont des composants à doubles usages qui sont utilisés dans les armements Russie. La plupart du temps ils ne les vendent pas directement mais ils les vendent par l'intermédiaire des filiales.
Anubandh : Merci. Maintenant, ma dernière diaporama et puis je donne la parole à Ariane...Il s’agit donc des armements (français) de la Défense envoyés en Inde.
Donc c'est spécifique à l'Inde, comment les armements ont été vendus à l'Inde par la France et vous pouvez voir en gris foncé quelles sont les commandes passées. Vous voyez une montée en 2015. Et en gris plus clair, c’est quand les armements ont été livrés. Je pense que ce sont les Rafales en 2020.
Ensuite, c'est là que ça pourrait être intéressant. C'est la vente de Rafales dans le monde à ce jour. Cet article vient des Echos du 3 décembre 2021. Au total, en interne, l'armée française… désolé l'armée de l'Air a acheté 192 avions Rafales, tandis que dans le reste du monde 242 ont été vendus. L’Inde est au 36ème rang tandis que l’Égypte est au 54ème rang. Ce sont les chiffres des prix. Donc, c'est aussi une façon de comparer peut-être les prix. Je donne maintenant la parole à Ariane. Pourriez-vous nous en dire plus sur la vente à l'Égypte de ces Rafales et d'autres armements ? Comment avez-vous enquêté ? Comment et quel était la réponse du gouvernement français ? S'il vous plaît laissez-nous savoir. Dites-nous.
Ariane : Oui. L'Égypte a été le premier pays à acheter un Rafale. C'était sous une jeune dictature, une toute nouvelle, jeune dictature, une dictature militaire qui était en place depuis 2013. C’est après l'un des plus grands massacres de l'histoire moderne égyptienne. Ainsi, ce nouveau gouvernement militaire était en manque de soutien, notamment de la part des États (majeurs). Ils cherchaient du soutien sur la scène internationale. Et la France a été parmi les premiers pays, le premier pays démocratique à y répondre positivement. Et d'envoyer des fonctionnaires du gouvernement pour discuter avec le nouveau, avec l'armée afin de vendre des armes parce que vendre des armes n'est pas seulement, ce n'est pas seulement une affaire économique, ce n'est pas comme n'importe quelle (autre) entreprise. Cela crée un lien de dépendance fort entre le vendeur et l'acheteur et c'est un moyen pour l'acheteur de garantir une sorte de soutien envers leur pays. Ça se vend... donc la France dans ce cas et surtout quand nous parlons…je parle de l'avion de combat le plus cher de l'histoire de France… ! Cela ne se vendait guère. Que ça a été un programme qui était en cours depuis des décennies et qu’aucun pays ne voulait l'acheter. Il y a eu quelques tentatives au Brésil et ça a échoué. C'était donc un énorme succès diplomatique pour le Président Français à l'époque et son ministère de la Défense, Jean Yves Le DRIAN… donc c'était comme une double victoire pour la France et l'Égypte. Au moins, c'est comme ça que c'était vu par le plus haut niveau des autorités.
Ça coûte… ça coûte quelque chose à l'État français. Ce n'était pas… ce n'était pas gratuit parce qu’en fait, l’Égypte ne l’a pas acheté en espèces. Ils l'ont acheté grâce à un prêt et le prêt était et est toujours garanti par l'État français et les banques publiques françaises. Donc, cela signifie que si l'Égypte ne réussit pas à rembourser le prêt, alors ce sera le contribuable français qui paiera le Rafale à l'armée égyptienne ! C'est donc le cas pour le contrat de 2015. Ainsi, l’Égypte a d’abord acheté 24 Rafales et encore en 2021, ils ont acheté 30 Rafales. Et cette affaire s'élevait à 3,75 milliards d'euros. C'était à nouveau autorisé et cette fois, la garantie par l’États français était à 85%. Donc, à cette époque, l'Égypte traversait une crise économique très profonde. De moins en moins de banques étaient prêtes à lui accorder un prêt. Elles ont donc demandé le plus haut niveau de garantie et c'était encore l'État français !
Je dis ça pour vous montrer combien c'est important pour l'État français, pour soutenir ce type d'exportation, parce que le Rafale fait partie de la diplomatie, Il fait partie de la diplomatie française. Et vendre un Rafale est vu par l'État français comme un succès diplomatique, dans le cadre du soft power français. Et c'était, ça vient, ça revient de De Gaulle. En fait, vous avez mentionné tous ces autres contrats d'Afrique du Sud, L’Irak… toutes les dictatures… En fait, la France s'est faite une spécialité de vendre des armes aux dictatures parce que dans les années 1950, pendant la guerre froide, il y avait les États-Unis et la Russie et la France… il y avait ces deux gros vendeurs et la France voulait vendre à d'autres pays. Il ne restait donc plus beaucoup de pays alors ils ont choisis ceux qui restaient qui sont des dictatures ou des États voyous. Et c'est pareil. C'est la même politique publique qui s'applique même maintenant et l'Égypte a été choisi pour cela.
L'Inde, c'est un peu différent parce que dans l'opinion publique française et aussi dans l'avis des dirigeants français, c'est un pays avec lequel nous pouvons avoir une relation complète… Je dirais qu’il n'y a aucune contradiction avec les droits de l'homme, les valeurs que la France se vante. Juste pour Conclure. L'Égypte était et est toujours très importante pour le Rafale, ce que j'appellerais la diplomatie du Rafale et la diplomatie des armements de la France. Et il y a encore des négociations en cours pour augmenter les ventes d'armes à l’Égypte.
Anubandh : Je pense que ce qui est vraiment le plus frappant pour moi dans ce que vous venez de dire, c’est le fait que La France a vendu des avions Rafale à l’Égypte. Et ils ont accordé un crédit bancaire à l’Égypte pour qu'ils puissent l'acheter. Et le contribuable français était partie prenante. Mais à aucun moment on n’a pas demandé à la population française, s'ell accepterait ou non cette affaire. Il y a donc là un « déficit de démocratie ».
Ariane : Ouais, ouais... c'est vrai.
Anubandh : Et de même, je veux dire encore une fois, il y a peut-être aussi un conflit d'intérêts parce qu'on sait qu'en 2020, Emmanuel MACRON a confié à Maréchal (Abdel Fattah) al-SISSI la plus haute désignation civile de l’État français, la Légion d'honneur ! Et c’est dans un cadre très secret. C’était en 2021. Et les médias français ont été tenus à l'écart. C'était via un site internet égyptien que les médias français l’ont appris.
L'année dernière (2023) c'est M. MODI qui a également reçu la Légion d'honneur. Le ministre de la défense française Le DRIAN… dont j'ai oublié le nom il…
Ariane : Jean - Yves Le
DRIAN.
Anubandh : oui…Jean - Yves Le DRIAN a également reçu la plus haute distinction civile d'Égypte. Alors, est-ce une façon de compenser les grands dignitaires ou personnes en fonction, en échanges des accords qu'ils signent avec la France ?
Ariane : Je veux dire que les dictateurs sont toujours à la recherche d’une reconnaissance en public. Le fait que d'autres pays les approuvent, les saluent (c’est important pour eux). Il y avait certains moments très importants où le Président TRUMP a remercié son très bon ami le Président (Maréchal Abdel Fattah al) – SISSI et donc ça… Vous pourrez penser que cette décoration ne veut pas dire grande chose. Pour une dictature… pour des dictateurs pour qui le pouvoir est très fragile, ce genre de décorations symboliques sont en fait importantes. En fait, cette décoration de la Légion d’honneur s’est produite en décembre 2020 et cinq mois plus tard L'Égypte a signé le contrat d’acheter plus de 30 Rafales. Alors, je ne dirais pas que l'un a créé (l'autre)… l'un des événements a créé l'autre. Mais ça se voit définitivement qu'il y a… il y a une relation étroite et une volonté de remercier et plaire… une volonté de plaire à la plus haute autorité militaire égyptienne de la part des dirigeants français.
Anubandh : Vous avez initialement mentionné que l'Inde est peut-être un meilleur candidat pour vendre des armes françaises par rapport aux autres dictateurs déclarés ouvertement mais nous savons qu'il y a beaucoup de violations des droits de l'homme et les journalistes sont harcelés en Inde mais ce qui pourraient surprendre les Indiens, c’est que l'État français n'est pas très gentil avec leurs journalistes non plus. Surtout envers ceux qui vont vers un dossier sensible, dans une direction sensible et vous en avez fait les frais l'année dernière (2023) quand vous avez été en garde à vue pendant plus de 30 heures. Pourriez-vous nous en dire plus ? Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous parler de cette expérience et de manière générale comment se comporte l'État français avec des journalistes d'investigation comme vous ?
Ariane : Oui, la liberté de la presse en France est en jeu depuis de nombreuses années maintenant. Ça a été un peu secret mais c'est vrai que depuis, je dirais 10… Presque 10 ans, depuis la nouvelle vague d'attentats terroristes, il y a eu une augmentation des lois sur le terrorisme qui visaient... qui a commencé à cibler la communauté musulmane, la société civile et les journalistes. Et de plus en plus de journalistes sont arrêtés, lors de manifestations par exemple… de plus en plus de journalistes sont interrogés par la police pour avoir fait leur travail. Ils sont interrogés afin qu’ils révèlent leurs sources.
Donc, mon cas a fait la une des journaux mais en réalité il y en a… La France est l’un des pays d'Europe occidentale où il y a le plus de violations contre la liberté de la presse, le plus grand nombre d'arrestations se sont produites en France dans toute l’Union européenne (UE), ces dernières années … Donc, ce n'est pas une arrestation qui dure pendant plusieurs mois, comme en Égypte ou dans des pays en dictature…c'est quelques heures ou quelques jours. Mais c'est quand même très préoccupant pour un État où règne un état de droit et les principes démocratiques.
Alors, en septembre (2023), j'ai été détenu pendant deux jours. Ma maison a été fouillée, mon ordinateur a été recherché par des analystes de cyber sécurité du service de renseignement français. Il y avait 6 agents qui fouillaient mon ordinateur, mon téléphone, ils ont regardé mes cahiers et ils étaient à la recherche des sources qui m’ont informées, qui m’ont révélées qu'il y avait des contrats d'armes avec l'Égypte et la Russie, comme vous l'avez mentionné. J'ai été interrogé pendant plusieurs heures. J'ai gardé le silence car c'est encore un droit en France, mais c'est une intimidation évidente non seulement pour moi, mais envers mes collègues et ma rédaction. C'est clair... C’est une intimidation envers tous les journalistes qui veulent faire une enquête sur les histoires de la Défense.
Peut-être que vous ne savez pas, mais en France publier des informations à propos des affaires de l'armée, la plupart de ces informations sont couvertes… sont couvertes par ce que nous appelons « Défense de la sécurité nationale », le secret de la Défense National sécurité. C'est une infraction et ça pourrait vous conduire à 5 ans de prison. Et c'est exactement la même offense, la même peine en Égypte pour ceux qui révèlent des secrets militaires. Donc, il n'y a aucune protection lorsque nous enquêtons sur les ventes d'armes...
Anubandh : Merci, je pense que c'est un point important, surtout du point de vue du public indien qui a tendance à croire que l'Occident, L'Europe a de meilleures conditions pour les journalistes ou que le gouvernement est plus tolérant. Il est peut-être vrai que c'est bien mieux que ce que nous avons en Inde, mais il y a beaucoup de détails. Et comme Ariane le disait à juste titre, il y a d'énormes problèmes en France. Puisque nous parlons des médias, je pense que ça vaut le coup de jeter un œil sur la situation des médias en France.
En Inde, c'est très clair, on sait qu'il y a de grands milliardaires - comme ADANI et AMBANI qui détiennent et contrôlent la plupart des grands médias. Personnellement, j'ai été surpris et choqué de voir la situation en France… Ici, ce n'est pas si différent non plus...
Paranjoy : Il ne faut pas dire la plupart des médias. Oui, ADANI et AMBANI, leurs groupes ont des intérêts pour les médias mais je préférerais au lieu de dire la plupart des médias, on peut dire de grandes sections ou des pans importants des médias. Ce sera plus précis. Oui s'il vous plaît, continuez.
Anubandh : Pourquoi pas? Ok. En France, les grands médias, le groupe qui nous intéresse c'est cette famille DASSAULT qui contrôle le Figaro et d'autres groupes. C'est du magnat des affaires dont nous parlons. Mais il y a aussi Patrick DRAHI. Il a ce RMC et d'autres réseaux. Nous avons bien sûr Xavier NEIL. Nous avons d'autres groupes. J'oublie maintenant le nom, peut-être qu'Ariane pourra m'aider... mais c'est pour dire…
Ariane : Vous en avez, en gros, vous avez trois quatre milliardaires qui partagent la plupart des médias privés. Vous avez du média public, les médias d'État, qui sont indépendants. Ils ne répondent pas directement au gouvernement. ll y a une autorité, une autorité indépendante qui régule les médias publiques et les stations de radio. Donc voilà, ce que vous trouvez. Et il y a alors une grande entreprise LVMH, Donc c’est Bernard ARNAULT qui a LVMH. Il possède une grande marque… tous les vêtements, les marques, les vêtements de grandes marques, comme la marque Louis Vuitton, Séphora, etc. Vous avez un autre grand milliardaire qui s'appelle BOLORÉ. Il est de l'extrême droite, islamophobe… C’est un milliardaire qui a mené une campagne en faveur des mouvements d'extrême droite, des différents mouvements d'extrême droite en France. Et vous en avez un autre à Marseille où je suis, qui est un milliardaire Syrien Libanais, qui possède une grande entreprise de commerce maritime, CMA-CGM. Ils ont des grosses cargaisons tout autour du monde. Vous en avez peut-être entendu parler d’eux lors de l'explosion dans le port de Beyrouth. Ils sont liés parfois avec Bashar al ASSAD. Cette grande entreprise possède plusieurs chaînes de télévision. Ils viennent d'acheter plusieurs chaînes de télévision et journaux. Ce sont des milliardaires émergents qui ont tendance à être plus proches du gouvernement actuel en place, donc du centre, proche de MACRON, d’Emmanuel MACRON.
Anubandh : Pourriez-vous nous dire comment était la réponse du Figaro (par rapport à votre enquête), car il appartient à DASSAULT, par rapport à ces enquêtes et à ces contrats ?
Ariane : Eh bien, je pense que je ne suis pas sûre si Le Figaro a évoqué notre enquête. En fait, il n'y a pas que Le Figaro. C'est la plupart des médias qui n'en ont pas parlé de notre enquête. Certaines radios privées l’ont fait parce que certains des journalistes voulaient en parler. Ils ont diffusé notre enquête. La station de radio publique, la télévision publique aussi. Ils ont publié une grande enquête mais la plupart des journalistes ne l'ont pas fait. Ils n’ont pas mis en valeur l’histoire. Je ne dirais pas que c'est une censure de l'État. C'est surtout parce qu'ils pensent que ce n'était pas intéressant. Ce n'était pas une histoire d'intérêt public. Parce que nous révélons le secret d'État, les armes. Mais on vous révèle surtout comment la France aide l'Égypte à tuer des civils dans le désert. Et cette histoire, pour la plupart des journalistes français, elle était considérée comme une affaire étrangère. Ce n'est pas vraiment préoccupant, ce n'est pas vraiment intéressant pour le public français. Et en fait, mon enquête a attiré l'attention quand j'ai été arrêtée. Donc, en septembre (2023) dernier. Et puis tous les autres médias ont commencé à publier pour parler de mon histoire, dont Le Figaro. Et la rédaction du Figaro a participé à une opération à dénoncer que j'ai été agressée, que j'étais la cible. Il existe donc une compréhension commune parmi la communauté des journalistes, y compris dans les médias appartenant à un homme d'affaire, en particulier qui fait des ventes d'armes. Et que la liberté de la presse est quelque chose que nous devrions protéger et le secret des sources est un principe démocratique fondamental.
Anubandh : C'est vrai,
puisqu'on parle de liberté de la presse et que l'Inde et la France sont
impliquées, j'ai cette dernière diapositive. Je demanderais également à
Paranjoy de se rejoindre à nous, je veux dire, d’allumer son écran.
Le classement ici vient de Reporters Sans Frontières – RSF et vous pouvez comparer, vous pouvez voir ici, une comparaison entre l'Inde et la France, entre 2014 à 2024. Et en ce qui concerne l’Inde, il y en a eu, je veux dire il y a un classement. Il y a un score global. Vous pouvez voir que le classement de l'Inde est passé de 140 à 159, c'est donc un déclassement net. Bien sûr, avec ça, le score global a également diminué. Le score global ici dit : « c'est un décompte quantitatif d'abus contre les journalistes en lien avec leur travail et contre les médias et une analyse qualitative de la situation dans chaque pays ou territoire sur la base des réponses de spécialistes de la liberté de la presse, y compris des journalistes, des chercheurs, des universitaires et des défenseurs des droits humains à un questionnaire de RSF. » Voici donc comment ils calculent le score global. En France, ce qui était surprenant c’est que même s'ils ont amélioré leur classement, leur score global reste quasiment le même. Alors Ariane…
Ariane : Je veux dire,
bien sûr la situation est terrible en Inde pour mes collègues journalistes et
surtout des femmes journalistes qui reçoivent des menaces de mort et de viol, presque
tous les jours, s'ils défient, contestent le récit officiel ou le récit
d'extrême droite. Mais en France aussi ce que dit le RSF c'est que c'est le pire
score de toute l'Union européenne (UE), comme dans toute union européenne
démocratique.
Parce que maintenant nous avons plusieurs pays qui échappent à l'état de droit. Il y a surtout la Hongrieoù il n’y a plus de liberté de la presse ou presque plus de liberté de la presse… mais je pense aussi que peut-être en Inde vous avez une conscience plus aiguë de la liberté de la presse. Des atteintes à la liberté de la presse parce que vous avez vu cette montée et il y a probablement plus de mobilisation… la mobilisation sociale afin de dénoncer ce qui se passe… En France, très peu de gens se rendent compte de ce qui se passe, très peu de journalistes eux-mêmes protestent lorsqu'ils sont pris pour cible par la police, lorsqu'ils sont interrogés par la police. Ça commence à changer mais nous le sommes vraiment… il y a peu d'organisation communautaire, il y a un très faible taux de syndicalisation, les syndicalistes… il y a un très peu de journalistes qui font partie d'un syndicat ce qui est, je suppose, un peu différent en Inde.
Donc, je pense qu'en France nous… nous ne voulions pas voir ou nous avons oublié que ces attaques arrivent de plus en plus. Comme vous le voyez, c'est aussi une analyse qualitative. Je pense que très peu, beaucoup de journalistes en particulier, les journalistes indépendants de la région ne signalent pas leurs attaques. Je veux dire, vous avez des attaques terroristes contre un journaliste. Ce sont des gens qui entrent dans les maisons des journalistes parce qu'ils n’ont pas aimé un article, parce qu'ils… ils enlèvent les roues de leur voiture pour provoquer un accident. C’est arrivé à un journaliste en Bretagne, parce qu'il a critiqué les techniques de l’agriculture intensive et de l'industrie agroalimentaire ! Il y a donc beaucoup d'agressivité dans la presse, des attaques qui passent sous le radar. Je ne… je, je ne veux pas dire que la situation est similaire en Inde et en France. Mais nous voulons, nous devons voir l'ensemble du tableau et surtout à quel point les Français, la société est sous, je ne dirais pas sous instruite mais peut-être moins consciente que la société indienne. Merci.
Anubandh : Paranjoy, pourriez-vous réagir rapidement ?
Paranjoy : Je le ferai. Ce seraient mes remarques finales. Vous avez publié les classements et la liberté des médias, la liberté de la presse, la liberté d'expression, les indices publiés par des organisations comme RSF. Mon avis est que à un certain niveau, il s’agit d’un phénomène mondial. Cela se produit partout dans le monde.
En ce qui concerne l'Inde. L'Inde est spécifiquement concernée, nous avons vu comment, surtout au cours des 10 dernières années, après l'arrivée au pouvoir du gouvernement (BJP), l'indice a baissé. Quelle est la différence ? Dans le passé, celui qui était au pouvoir n'ont pas été tolérant envers les critiques venant des journalistes. La différence, c'est que ce gouvernement, le gouvernement actuel a été vengeur. Cela n'a pas été seulement intolérant. Plusieurs organismes chargés de l'application de la loi y compris le Bureau Central d’investigation, y compris le Département de l'impôt sur le revenu, la Direction de l'exécution et ils s'en sont pris aux médias. Ils s'en sont pris aux médias à cause de leurs commentaires et leur analyse. C'est même arrivé à la BBC en Inde. C'est arrivé à plusieurs médias alors que les journalistes des petites villes et dans les zones reculées, ils sont plus vulnérables. Même des organisations ont été harcelé par les forces de l'ordre.
Et l'une des raisons en est que les médias sont considérés comme « un ennemi de la nation ». Juste parce que vous êtes l'ennemi du gouvernement et ceux qui sont au pouvoir, on vous fait passer pour l'ennemi du pays et leur patriotisme est remis en question. Maintenant, les lois ont été modifiées, les règles ont été modifiées et ils ont été visés... vous savez, Ils étouffent la liberté d'expression qui est un droit fondamental de chaque citoyen indien. Les restrictions raisonnables au droit à la liberté d'expression. Ce terme « raisonnable » a été mal interprété. Les lois sur la sédition, les lois sur la diffamation, ils ont été mal utilisés, contre les critiques du gouvernement. Et M. Narendra MODI, Premier ministre indien. Il se trouve que c'est le premier et unique Premier ministre de l'Inde qui n'a jamais affronté en Inde une conférence de presse spontanée non-scénarisée... où n'importe qui peut lui poser n'importe quelle question. Il a accordé uniquement des entretiens à des personnes particulières, qu’il a choisi et ils ne lui ont pas posé de questions difficiles. Ils lui ont demandé les questions qu'il voulait, qu'on lui pose et il y a eu des scripts… il y a eu comme un script des entretiens, au lieu d’être des entretiens spontanés.
Tout cela a abouti à ceux qui sont indépendants journalistes, ceux à qui je crois que le métier de journaliste, c'est de maintenir la vérité au pouvoir et de dénoncer la corruption dans les hauts lieux, ils sont confrontés à de graves défis. Y compris les défis financiers, y compris par le retrait du support publicitaire, pas seulement par le gouvernement mais par ceux qui soutiennent le gouvernement. Y compris les grandes entreprises et comme vous avez souligné plus tôt, les deux hommes les plus riches d'Inde, ils contrôlent également du lourd, ils ont de grands intérêts médiatiques et empires médiatiques. Donc, ce serait mes observations et commentaires.
Anubandh : Merci Paranjoy. Nous arrivons maintenant à la fin de cet entretien. J'ai juste une dernière question pour vous deux. La question est : Quelques années auparavant, lorsque je travaillais à Bangalore (Inde), j'ai rencontré un PDG français, d'une petite entreprise. Son argument était qu'en Inde, pour faire des affaires, pour survivre, il n’y a pas d’autre choix que de commettre de la corruption. Il a dit que si je ne faisais pas de corruption, alors je ne gagnerais pas le contrat et si je n'y allais pas, quelqu'un d'autre le ferait. Comment répondriez-vous à de tels arguments, en ce qui concerne les accords de défense qui sont très tristement célèbres pour leur corruption ? Existe-t-il un moyen de faire des affaires sans corruption ?
Ariane : Oui, c'est quelque chose que nous… que j'entends beaucoup aussi. C'est une façon de vous démettre de votre propre responsabilité en tant qu'entreprise et en tant qu'État. Vous avez, vous devez… vous avez une responsabilité sociale… vous ne faites pas tout ce que vous voulez, tout ce que vous pouvez. Vous avez un code de conduite et il faut le respecter... respecter la loi.
Et l'État français a signé le traité sur le commerce des armes… pour réguler le commerce… le commerce des armes et qui dit que vous ne pouvez pas vendre d'armes à un pays qui les utiliserait pour commettre les violations des droits de l'homme. Et de les utiliser contre des civils, par exemple pour perpétrer des crimes de guerre. Donc c'est très clair et c'est un traité que plus de 100 pays ont signé y compris la France et ils doivent l'accepter ! Donc, ce n'est pas quelque chose à propos de ce que nous pensons devoir faire… mais nous ne pouvons pas le faire… ! C'est la règle que nous avons choisie, nous l’avons ratifiée ensemble en tant qu'États. Et que cela vous plaise ou non c'est la règle commune. Ok? Alors, vous pouvez inventer n'importe quelle sorte d'excuse pour un autre État voyou, pour faire l’affaire. Nous essayons de faire en sorte que le monde un soit endroit un peu moins horrible, alors s'il vous plaît, respectez la règle commune !
Et le deuxième argument serait. OK, vous voulez vendre les armements aux dictatures… mais où est la parole du citoyen français dedans ? Où est la parole du citoyen indien ? Si vous pensez que c’est important de vendre des armes aux dictatures, parce que vous voulez garder un canal et vous voulez garder un chemin pour discuter avec l’autorité de haut niveau de cette dictature. Ou comme un pays illibéral. Ok. Mais allons-y… Ayons un débat public… Votons ! En France, c'est interdit. Pas uniquement aux citoyens, mais même les députés ne peuvent pas poser de questions sur la livraison d'armes, même après leur livraison. Tous les documents, toutes les décisions sont des secrets d'État. Alors une fois... quand il y aura un débat public, un peu plus de transparence, alors vous pouvez invoquer ce genre d'arguments et dire oui, mais si nous ne le faisons pas… cela renforcera la Chine et ainsi de suite… mais nous n'avons pas divulgué toutes les informations, donc nous ne pouvons pas prendre de décision éclairée, de faire un débat éclairé et nous ne pouvons pas répondre pleinement, répondre scientifiquement à ce genre d'argument parce qu'on nous empêche de penser et d'être informé.
Anubandh : D’accord. Donc déficit de démocratie comme nous l’avons dit auparavant...
Paranjoy : Vous savez... Je suis d’accord avec ce qu'Ariane vient de dire. Je n'ai rien d'autre à ajouter à part dire que le meilleur… la meilleure façon de prévenir ou de freiner ou réduire la corruption est d'avoir une plus grande transparence en public. Le rôle des médias dans une démocratie est de tenir responsable ceux qui occupent des positions de pouvoir et d’autorité, les rendre plus responsables lorsque leurs pouvoirs discrétionnaires sont abusés, pour maintenir la vérité au pouvoir. Je veux dire, je pense que sans transparence, sans responsabilité là-bas, il ne peut pas y avoir de vraie démocratie. C’est de l'avis de plusieurs personnes, moi y compris. Les différents indicateurs montrent qu’il y a eu un déficit de démocratie, que l'Inde se décrit comme la plus grande démocratie du monde parce que nous avons plus de 1,4 milliard de personnes, mais la question est, allons-nous vers une meilleure démocratie, une démocratie plus forte et cela ne peut se produire que si les médias, vous appelez ça le quatrième pouvoir et d'autres organismes responsables pour une plus grande transparence dans la vie publique, devenir plus fort… nous avons vu comment ceux qui ont été aux pouvoirs en Inde ont dilué les dispositions de la Loi sur le droit à l’information (RTI) et comment ces actes et règles, même après leur promulgation ne sont pas mis en œuvre correctement. Donc, c'est un, à un niveau comme je l'ai mentionné plus tôt, un projet global mais quand cela concerne votre propre société et quand vous voyez, c'est en train d'être, ceux-ci qui ne sont pas correctement mis en œuvre et vous voulez toujours dire que nous sommes une démocratie !
Alors, tout ce que je peux dire c'est qu’on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. Nous devons… Nous devons nous battre et continuer à lutter pour garantir une plus grande responsabilité de ceux qui occupent des positions de pouvoir et d’autorité. Merci de m'avoir écouté.
Anubandh : Merci Paranjoy.
Une dernière chose. Puisque vous avez le livre devant vous, Voudriez-vous s’il vous plaît lire le beau poème de Bob Dylan que vous avez inclus dans le livre et puis on arrête ?
Paranjoy : Bob Dylan… Bob Dylan… connu plus tôt, je veux dire, connu sous le nom de ZIMMERMAN…Robert ZIMMERMAN qui a gagné le prix Nobel, c'est un extrait d'un article désolé... une chanson qu'il a écrite en 1963 qu’il a chanté en 1963, il dit :
"Venez, maîtres de la guerre", le nom de la
chanson est maîtres de la guerre …
alors il dit :
« Venez, maîtres de la guerre,
vous qui construisez les gros canons,
vous qui construisez les avions de la mort,
vous qui fabriquez toutes les bombes,
vous qui vous cachez derrière les murs,
vous qui vous cachez derrière des bureaux, Je veux juste
dire que
sachiez que je peux voir à travers vos masques,
Laissez-moi vous poser une question,
Est-ce que votre argent est si bon ?
Est-ce que ça vous achètera la rémission ?
Vous pensez ?
Je pense que vous trouverez quand votre mort fera des ravages
que tout l’argent que vous avez gagné ne rachètera jamais votre âme.
C'est Bob Dylan pour vous.
Anubandh : Un grand
merci à Paranjoy et à Ariane ! Pour tout votre temps. Cela a été une discussion
passionnante. J'ai appris et découvert beaucoup de choses grâce à vous et j'espère
que les lecteurs, qu’ils soient en Inde, ou en France prendront également ce
livre et qu’ils découvriront par eux-mêmes.
Merci beaucoup et j'espère vous reparler.
Au revoir !
Ariane : ha ha Bye Bye ..
Paranjoy : Merci.
Paranjoy Guha THAKURTA - Co-auteur

Ariane LAVRILLEUX
Ariane est journaliste d'investigation. Elle est basée à Marseille. Elle
est spécialisée dans les accords de défense, les violations des droits humains
et l'impact de l'économie sur l'environnement. Elle collabore avec différentes
radios comme RFI et RTS (Radio-France Suisse). Elle collabore également avec
des magazines et des médias d'investigation tels que Mediapart, Disclose, Le
Monde Diplomatique, Alter Eco et la Revue Dessinée. Ariane suit de près
l'affaire des « Egypt Papers », la vente de Rafale et d'autres armes françaises
au dictateur égyptien, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi.
Yann PHILIPPIN
Anubandh KATÉ est un ingénieur basé à Paris et co-fondateur de l'association « Les
Forums France Inde ».
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